mardi, janvier 06, 2009

J'ai peur

J'ai peur. J'ai peur de ne plus avoir de conscience politique. Quand je suis de gauche, je suis trop à droite, quand je suis de droite, je suis trop à gauche, et quand je suis au centre, je ne sais plus me décider. J'ai peur d'être apolitique, indifférent à tout, inquiétant pour tous, et étranger à tout le monde. J'ai peur d'être humaniste. Parce que j'ai peur de l'Homme. Un loup pour l'homme. Quelle cruauté.

J'ai peur. J'ai peur d'être une rature. Un trait appuyé sur le papier dans le but d'écraser une erreur, qui ne l'est pas forcément.

J'ai peur. J'ai peur des insectes, vivants, rampants. De ces insectes marrons, noirs, remplis de glue. De ces insectes dotés de longues pattes qui grattent, et de fines antennes qui chatouillent. J'ai peur de ces bestioles qui grouillent, qui croquent sous la dents. De ces choses qui pondent des oeufs sous la peau. Des centaines, des milliers d'oeufs. Des centaines, des milliers d'autres bestioles qui vous dévorent de l'intérieur, jusqu'à votre cadavre.

J'ai peur. J'ai peur des bombes, et des avions. Des attentats, suicides ou non. "Attentat", n'est ce pas simplement tenter de tuer des gens. Pleins de gens. Une foule entière. De la façon la plus sournoise et impitoyable qu'il soit? Alors pourquoi ce sont toujours les mêmes les méchants? La télé fait pareil, et tout le monde l'idolâtre.

J'ai peur. J'ai peur de faire le mauvais choix. Alors, je n'en fais pas. Je laisse ce soin à d'autres. Plus qualifiés, plus charismatiques, plus puissants. N'est ce pas ça la démocratie? Se taire et laisser d'autre faire. J'ai peur de ne pas en faire assez. De mourir sans être entendu, surtout lorsque je ne dis rien. J'ai peur d'etre pauvre. Les pauvres meurent plus vite.

J'ai peur d'être injuste. Mais j'ai encore plus peur d'être juste.

J'ai peur du sable qui pique les yeux et gratte les fesses.

Mais j'ai bien plus peur du noir, comme du silence. Parce qu'au final, j'ai peur d'être seul.

samedi, janvier 03, 2009

Il y a des matins comme ce matin

Il y a des jours comme ceux ci où on ne se lève pas à la bonne place.
En silence, avec sept ou huit petites heures de retard, du mauvais coté du lit, du mauvais coté de l'océan, et avec les testicules prêtes pour une pub m&m's, et la bite qui chante l'ile aux enfants.

Il y a des matins comme ça.
Des matins qui commencent l'après midi. Des matins où l'on a envie ni de café, ni de nesquik noyés dans du lait, mais plutôt de shiva bu directement au goulot, et d'une dunhill bien sèche. Des matins qui commencent avec Césaria Evora, et Buena Vista Social Club. Des matins où le mistral à l'odeur de poudre et de cerveau en bouilli sur le pavé.

Il y a toujours des matins comme ça.
Des matins où on pense avec envie à ces hommes qui naissent, beaux, riches, et intelligents. Alors que l'on n'a aucune de ces trois qualités; juste la gueule de bois, et une envie de vomir à faire pleurer des fosses septiques. Des matins où l'on réalise que non seulement on est très laids, mais qu'en plus on n'a même pas le sens de l'humour qui va avec. Des matins, où on réalise qu'on a quand même une activité sexuelle malgré tout ça. Ce qui prouvent qu'elles doivent être plus désespérées que nous.

Il y a des matins où mêmes les mouches se suicident dans nos verres alors qu'elles résistent à un gazage en règle au baygon foudroyant. Une vrai thalasso-thérapie.
Il y a des matins où on devrait resté couché, mais on se traine quand même jusqu'au trou des chiottes, en priant pour que son foie se décide enfin à se venger. Mais on reste assis à coté, en parlant de soi en usant du pronom indéfini.
Parce qu'il y a des matins comme ça.
Où on est juste indéfini.
Il y a des matins où on a la poésie de comprendre qu'elle veuille nous quitter, alors qu'elle n'en a pas l'envie. Elle nous aime, alors que l'on a même pas la décence de nous aimer nous même.
Il y a des matins, où on voudrait être un autre homme.
Il y a des matins, où on voudrait être un cadavre sur le parquet.
Il y a des matins, où on devrait se taire.

Mais le pire dans tout ça, c'est que demain, il y a encore un matin.