Elle

Elle me fixait avec le même air de dégout et de plaisir qu'elle arborait pour sa première pipe. Je l'avais répugnée. Je l'avais salie. Mes propos immondes et obscurs l'avaient faite mouiller. Cette humidité faisait qu'elle avait honte d'elle même. Elle avait honte d'avoir envie de ce salopard prétentieux que j'étais.

Elle s'en voulait, à se gifler, à se mordre les lèvres, à se masturber.
Je représentais tout ce qu'elle haïssait chez nous, les hommes. Salaud, égoïste, prétentieux, misogyne. Et la haine qu'elle me crachait, avait fini par se transformer en obsession, cette obsession, en attirance. Et enfin cet attirance en fantasme.

En fouinant un peu, elle avait réussi à dénicher ma photo sur un de ces sites pour adolescent en mal de vie, et à la recherche d'un peu d'intérêts. Elle avait imprimé tous mes textes, qu'elle gardait dans une chemise cartonnées au fond d'un tiroir.

Et de temps en temps, lorsqu'elle était trop jalouse, ou trop en colère, elle m'envoyait un petit mail intime où elle m'incendiait, me culpabilisait, juste avant de se masturber.
De temps en temps, je lui répondais, je m'excusais, je l'envoyais chier. Juste avant de picoler -chacun ses petits plaisirs-.

Je crois qu'elle a été ma relation la plus stable.

Salope.

Colère!!!!

TUONS

LES

NAINS

DE

JARDINS!!!

Mon hippie préférée.

Elle est baba cool. De ces nouveaux hippies qui fument des Marlboro, vont au Macdo, et sont accrocs au sitcom de TF1. Elle fait du vélo. Et elle dit qu'elle est allumeuse, lorsqu'elle culpabilise.

Elle boit le lait à la bouteille, et prépare son chocolat au micro-onde. Sur la table de sa cuisine, un pot de nutella discute avec une pomme rongée par les vers. Une pomme verte.

Elle a des goûts vestimentaires spéciaux. Disons...colorés. Très colorés. A croire qu'être écolo signifie aussi combattre toute forme de bon gout. Son placard est rempli de paires de chaussures toutes plus laides les unes que les autres. Vous savez, le genre de chaussure que porte les poupées de porcelaine de collection, ou les petites filles victimes de la nostalgie de leurs grands parents. Elle porte des moufles tricotées avec des laines de toutes les couleurs. Et ce n'est pas facile. Pour être franc, je n'aime pas les moufles, j'aime bien que mes doigts aient leurs places attitrées.

Sous ses vêtements, elle est plutôt bien faite. Petits seins, joli cul, jambes bien dessinées. Courbes attisant suffisamment la libido pendant quelques heures. Complexée par le cratère qui lui fait office de nombril. Son corps n'a rien d'impressionnant, rien de dégoutant, rien d'exceptionnel. Elle est bien roulée, rien à signaler, rien de scandaleux... C'est dans la tête que tout se passe. Elle fait tout. Elle veut tout apprendre, le théâtre, les langues, la psychologie. Elle ne sait pas ce qu'elle veut. Elle est à la poursuite du lapin blanc. Et elle aime rappeler qu'il faut deux "L" pour s'envoler. Mais je préfère répondre que si on en n'a pas, on peut courir très vite.

Elle est instable émotionnellement. Autant que moi. Il y a celui qu'elle aime, celui dont elle est amoureuse, et celui dont elle à envie. Et moi, celui qu'elle a rencontré par hasard dans un parc un soir frisquet à fort taux d'alcoolémie.

Elle est étonnante, passionnante. Probablement parce que je ne la reverrai jamais. Les jeunes appellent ça "un coup d'un soir", je préfère le terme, "coup en l'air". Personne n'est blessé, c'est juste grisant, frissonnant, et effrayant.

La mijaurée aux marrons glacés

Et puis quoi encore?

Non. C'est tout ce qui m'est venu à l'esprit quand j'ai pensé à elle. Pas très intéressante comme fille. Plutôt du genre sainte nitouche qui chie des marrons glacés. Légèrement allumeuse sur les bords, tantôt dans un lit, tantôt dans un autre. Tellement exaspérante qu'elle se permet même de ne pas sucer. Ce qui est relativement frustrant, parce qu'elle a toujours l'air plus intelligente la bouche pleine.



Elle a quand même de jolis goûts vestimentaires, les jours pairs. Mais je la préfère encore toute nue. Ce que je préfère chez elle? Elle se maquille juste avant d'aller se coucher. C'est quand même moins désagréable qu'un pyjama rose fushia droopy sorti du catalogue Bleu Bonheur. Et c'est terriblement hilarant au réveil. Pas pratique pour les oreillers, le mascara ne se lave pas aussi facilement que l'on croit. Mais le waterproof est une invention géniale!
Ceci dit, il faut éviter de rire, en tout cas, ouvertement. Elle est susceptible.



C'est une victime. Ce n'est peut être pas de sa faute. Elle est conne et totalement privée de talent. A moins que baiser comme un macchabée soit un nouvel art à la mode. Elle n'a aucun talent.


Elle lit, "Jeune et Jolie", "Glamour", "Public" et "Closer". Alors elle veut être journaliste, pour présenter la météo, ou le 20h à 13h. Parce que c'est trop "fashion".
Soyons réalistes. Même le journal du hard n'en voudrait pas. A la rigueur peut être chroniqueuse sur disney channel, mais je doute que les enfants aient vraiment envie de savoir comment faire un gode avec de la pâte à modeler. Quoique ça peut être pratique pour s'occuper pendant la récré, entre deux princes de lu.



Elle écrit des poèmes. De la poésie rimée et rose. De la poésie qui évoque très clairement Barbie à la plage (qui au passage est selon elle la plus grande femme du 20e siècle). Absolument insupportable. Mais ça, il ne faut pas le dire... Sinon je ne baise pas.



Elle ne fréquente que des filles plus laides qu'elle. Sinon elle se sent menacée. Et le contraste la rend plus belle. Selon elle. Parce qu'à part sa jolie bouche à pipe inexploitée, elle n'a rien de vraiment exceptionnel. Mais ça non plus il ne faut pas le dire.



Enfin... je suis un peu méchant. Elle est gentille...
à quatres pattes.