mardi, juillet 28, 2009

Je suis un buvard.

De la poudre
Aux yeux.
Du plomb,
Au coeur.
Anatomiquement,
Je suis
lourd.




Sur un Fil.




Automatiquement,
A bout de souffle.
Epoustouflé
Par l'envie de vie,
Des autres.
Etouffé,
Par l'envie de fuir
Les autres.



Je deviens
Incompatible.
L'envers,
D'un monde,
A l'endroit.

Alors,



A l'endroit
Du coeur,
J'ai comme une bouteille,
A l'envers.




Je gomme
Ce qui fait de moi
Un homme.

Je tue,
Ce qui fait de moi
Un être.


Effacé par l'alcool
sur le papier,

Je lèche,
Je bois,
J' avale.

Je suis un
Buvard.

Je rêve de poésie.
D'oiseau dévorant
Des libellules.

Quitte à voler,
Je veux être plus haut.

Ma bière,
Ma clope,
Et l'aube.

Je ne veux pas être,
Un enfant.
Je veux être
Tout court.

Un adulte,
Rongé par
La souffrance,
L'inepsie,
Et la lacheté.

Je ne veux pas être
Un enfant.
Je veux être,
Tout court.

Taper du pied,
En silence.
Elle n'entendra pas,
De toutes façons.

lundi, mars 23, 2009

La fille en bleu

J'ai connu une fois une fille bleue.

Yeux bleus.
Bleu jean.
Ciel Bleu.
Clopes Bleues.

Cette fille vivait dans un monde bleu. Jusqu'aux bleus sur la gueule. Jolie gueule d'ailleurs. Elle n'aimait pas dire qu'elle avait le blues. Elle préférait dire qu'elle vivait quelque part entre les hématomes, et les ecchymoses. C'était plutôt vrai. Elle en avait vu quelques unes, du haut de ses vingt piges. Elle préférait aussi dire que s'il fallait avoir peur de mourir, autant arrêter de vivre. Alors elle fonçait. Même si elle se mentait à elle même. Elle fumait des légères, et quand on fume des légères, c'est qu'on a peur de mourir; autant arrêter de fumer.
Son homme l'avait abandonné au rayon alcool d'un super marché. Alors, elle était repartie avec une bouteille de whisky, ou deux, elle ne s'en rappelait plus vraiment. Elle avait même oublié le nom de ce gars. L'habitude. Aucun homme ne restait jamais très longtemps. Pas même son paternel. Qui n'était pas un si mauvais père, il avait eu la décence de se tirer en silence; juste après avoir laissé sa mère sur le carreau, en larme, et en bleus.
Elle fumait du H, du cannabis, de l'herbe, de la beu, de la marijuana, du chanvre, du haschish, de la ganja; enfin appelez ça comme vous voudrez, elle préfère la fumer, plutot que d'en parler. Elle préférait aussi le whisky au rhum, mais ne supportait ni le champagne, ni les liqueurs réservée aux pétasses strass et paillette. Elle cherchait le frisson. Mais de toute façon, le frisson s'en était allé depuis longtemps. Sa naissance, si elle s'en rappellait bien.
Parfois, elle aimait bien certaine personnes. Généralement les plus néfastes pour elle. Crevards, cas sociaux, bites en feu, pétasses strass et paillette, sa mère, langues de pute, artistes sans talents, son portable en était plein. C'est la principale raison pour laquelle elle ne répondait jamais, mais écoutait de temps en temps son répondeur. Afin d'être certaine d'avoir eu raison.
Elle aimait la plage au début de la nuit, à la fin de l'été, ou au début de l'automne. Elle aimait ce bleu noir frisquet. Elle était frileuse, et avec une bonne bière fraiche, ça faisait un frisson. Un tout petit, minuscule, extraordinairement insignifiant. Mais un frisson quand même, un de ceux qui aiment s'accompagner de petits pincements au coeur.

Je l'ai rencontré un soir comme ça.
Je n'aime pas la plage, le sable qui bouffe le cul, le vent froid qui tranche les couilles, et ces saloperies de bestioles toutes plus terrifiantes les une que les autres, tant qu'elles ne sont pas dans votre assiette. J'attendais juste de dessaouler, avant de prendre le volant, abandonné par mes potes impatients de crever dans une paillotte miteuse. Je marchais dans le sable, plus pour éviter de m'endormir et risquer ainsi de me faire violer par un clodo bourré d'herpès purulent, ou autre MST plus gore encore, que pour la beauté du cadre. Elle m'a expliqué sa théorie sur les bleus, ecchymose, et hématome; et m'a demandé d'éviter de lui passer de la pommade parce qu'elle ne baiserait pas avec moi.
J'ai rangé ma capote.
J'ai tout de même évoqué l'éventualité d'un cas de buccogénitalité. Elle m'a traité de connard, et m'a menacé de me dérouiller la gueule si je refusais de controler les cochonneries qui pouvaient en sortir. Alors je lui ai proposé une bière.
Et je n'ai pas dessaoulé.
Elle m'a trainé sur son vélo jusqu'à son appart, en échange de quelques pack de bière. Et on a bu comme ça deux ou trois jours durant. Les seuls personnes à peu près humaine que nous avions pu rencontrer étaient les livreurs horrifiés. Surtout par ma gueule.
Elle avait fini par la défoncer. Elle ne voulait vraiment pas baiser. Juste fumer, picoler, et parler, et regarder des films en noir et bleu, sans le son, métropolis, chaplin, et d'autres conneries. Ca a duré trois jours. Et puis elle est partie à la salle de bains, me promettant de revenir très vite, et de l'attendre pour la suite. J'ai attendu, j'ai bu, et puis j'ai eu envie de vomir. La menaçant de gerber dans son pieu, si elle n'ouvrait pas. Finalement, j'ai dégueulé sur mon futal devant la porte. Et puis j'ai ouvert, pour l'engueuler.

Elle était assise dans sa baignoire. La fille bleue était devenue rouge, surtout au niveau du poignet.

Elle était quand même sacrément mignonne. C'est dommage, on aurait pu baiser avant. Alors, je me suis barré, et je n'ai pas jugé utile de prendre son numéro.

mardi, janvier 06, 2009

J'ai peur

J'ai peur. J'ai peur de ne plus avoir de conscience politique. Quand je suis de gauche, je suis trop à droite, quand je suis de droite, je suis trop à gauche, et quand je suis au centre, je ne sais plus me décider. J'ai peur d'être apolitique, indifférent à tout, inquiétant pour tous, et étranger à tout le monde. J'ai peur d'être humaniste. Parce que j'ai peur de l'Homme. Un loup pour l'homme. Quelle cruauté.

J'ai peur. J'ai peur d'être une rature. Un trait appuyé sur le papier dans le but d'écraser une erreur, qui ne l'est pas forcément.

J'ai peur. J'ai peur des insectes, vivants, rampants. De ces insectes marrons, noirs, remplis de glue. De ces insectes dotés de longues pattes qui grattent, et de fines antennes qui chatouillent. J'ai peur de ces bestioles qui grouillent, qui croquent sous la dents. De ces choses qui pondent des oeufs sous la peau. Des centaines, des milliers d'oeufs. Des centaines, des milliers d'autres bestioles qui vous dévorent de l'intérieur, jusqu'à votre cadavre.

J'ai peur. J'ai peur des bombes, et des avions. Des attentats, suicides ou non. "Attentat", n'est ce pas simplement tenter de tuer des gens. Pleins de gens. Une foule entière. De la façon la plus sournoise et impitoyable qu'il soit? Alors pourquoi ce sont toujours les mêmes les méchants? La télé fait pareil, et tout le monde l'idolâtre.

J'ai peur. J'ai peur de faire le mauvais choix. Alors, je n'en fais pas. Je laisse ce soin à d'autres. Plus qualifiés, plus charismatiques, plus puissants. N'est ce pas ça la démocratie? Se taire et laisser d'autre faire. J'ai peur de ne pas en faire assez. De mourir sans être entendu, surtout lorsque je ne dis rien. J'ai peur d'etre pauvre. Les pauvres meurent plus vite.

J'ai peur d'être injuste. Mais j'ai encore plus peur d'être juste.

J'ai peur du sable qui pique les yeux et gratte les fesses.

Mais j'ai bien plus peur du noir, comme du silence. Parce qu'au final, j'ai peur d'être seul.

samedi, janvier 03, 2009

Il y a des matins comme ce matin

Il y a des jours comme ceux ci où on ne se lève pas à la bonne place.
En silence, avec sept ou huit petites heures de retard, du mauvais coté du lit, du mauvais coté de l'océan, et avec les testicules prêtes pour une pub m&m's, et la bite qui chante l'ile aux enfants.

Il y a des matins comme ça.
Des matins qui commencent l'après midi. Des matins où l'on a envie ni de café, ni de nesquik noyés dans du lait, mais plutôt de shiva bu directement au goulot, et d'une dunhill bien sèche. Des matins qui commencent avec Césaria Evora, et Buena Vista Social Club. Des matins où le mistral à l'odeur de poudre et de cerveau en bouilli sur le pavé.

Il y a toujours des matins comme ça.
Des matins où on pense avec envie à ces hommes qui naissent, beaux, riches, et intelligents. Alors que l'on n'a aucune de ces trois qualités; juste la gueule de bois, et une envie de vomir à faire pleurer des fosses septiques. Des matins où l'on réalise que non seulement on est très laids, mais qu'en plus on n'a même pas le sens de l'humour qui va avec. Des matins, où on réalise qu'on a quand même une activité sexuelle malgré tout ça. Ce qui prouvent qu'elles doivent être plus désespérées que nous.

Il y a des matins où mêmes les mouches se suicident dans nos verres alors qu'elles résistent à un gazage en règle au baygon foudroyant. Une vrai thalasso-thérapie.
Il y a des matins où on devrait resté couché, mais on se traine quand même jusqu'au trou des chiottes, en priant pour que son foie se décide enfin à se venger. Mais on reste assis à coté, en parlant de soi en usant du pronom indéfini.
Parce qu'il y a des matins comme ça.
Où on est juste indéfini.
Il y a des matins où on a la poésie de comprendre qu'elle veuille nous quitter, alors qu'elle n'en a pas l'envie. Elle nous aime, alors que l'on a même pas la décence de nous aimer nous même.
Il y a des matins, où on voudrait être un autre homme.
Il y a des matins, où on voudrait être un cadavre sur le parquet.
Il y a des matins, où on devrait se taire.

Mais le pire dans tout ça, c'est que demain, il y a encore un matin.